Saviez-vous que le plus grand vignoble de vin blanc d'Europe était breton ? Et oui ! Le vignoble nantais (Bretagne historique) et son célèbre Muscadet sont une référence parmi les vignerons. Encore une fois, laissez-vous embarquer dans un voyage à travers le temps et les âges, en quête de réponses et de découvertes sur les vins bretons.
L’histoire des vignobles bretons
Notre aventure débute un beau matin d'hiver. Alors que nous marchons sur la plage des Rosaires, un vent de mer chargé d'iode vient griffer nos joues rougies par le froid. Il y a quelque chose de piquant, un on ne sait quoi d'étrange dans les effluves marines. Il ne s'agit pas d'un piquant aigre ou âpre comme on en trouve dans les fruits rouges qu'on cueillait enfant avec insouciance, mais plutôt d'un pétillant mélange dont chaque inspiration tapisse notre palais. On dirait des arômes gourmands de fruits et tanin.
C'est alors qu'un souffle frais balaye notre esprit et nous emporte au loin, hors du temps et de l'espace. Nous voyageons dans l'histoire, remontons le fil du temps malgré nous. Soudain, le sentiment de vertige s'amenuise, puis s'interrompt totalement. Une voie, ou plutôt une pensée fugace, nous souffle que nous sommes au Ve siècle, sur la presqu'île de Crozon. Nous reconnaissons la végétation sauvage de ce bras de terre qui fend la mer d'Iroise. Le décor est splendide, envoutant, enivrant.
Devant nous se dresse un édifice religieux, l'abbaye Saint-Guénolé de Landévennec. À travers une lucarne, nous apercevons un visage qui nous observe. Inquiets bien qu'il s'agit de toute évidence un doux rêve, nous décidons de nous éloigner légèrement de l'abbaye, car le même parfum exaltant nous guide vers la pointe ouest. D'un pas assuré, nous empruntons un chemin sinueux certainement utilisé par les moines et découvrons rapidement un champ. Non, il s'agit d'un vignoble, le premier vignoble breton !
Là, les ceps de vignes s'étirent sur la lande bretonne, entre l'ajonc et la bruyère, leurs pieds noueux subissant les assauts violents du vent marin. Nous réalisons soudainement que ces raisins en pleine croissance sont certainement à l'origine des vins bretons d'aujourd'hui. Tandis que nous profitons de cet instant magique, un souffle frais vient de nouveau disperser nos songes.
Notre voyage des vins bretons reprend
Nous longeons les côtes sud du Finistère et du Morbihan et survolons bientôt la presqu'île de Rhuys. Le château de Suscinio, fief d'Anne de Bretagne, nous observe. Au fil des âges, les ducs ont tout fait pour préserver les vignes, mais les hivers rigoureux et le joug des rois de France, notamment Louis XIV, ont raison de l'essentiel des cultures. Seul le vignoble nantais, favorisé par son grand port de commerce, subsiste.
Les années passent et nous observons en spectateur les monastères sauver les cultures. Le dogme de l’Église impose la production du précieux breuvage. Merci le vin de messe !
Puis au XIXe siècle, nous découvrons les ravages du phylloxera. Cette espèce d'insecte, un puceron qui se niche sur les racines, pique sans vergogne les pieds de vignes. Un à un, ils meurent infectés par ce fléau des vignobles. Nous pensons assister à la fin du vignoble breton, mais la presqu'île de Rhuys résiste encore et toujours. Il y a quelque chose de féérique sur ces terres, berceau de l'histoire bretonne. Les vins bretons sont saufs !
Nous continuons notre route à travers le temps et constatons avec joie un regain d'intérêt pour le vin en Bretagne au XXe siècle. Dire qu'il a failli disparaître ! Partout les vignes poussent, se tordent sous le vent breton et font naître leurs raisins. De la vallée de la Rance à Quimper en passant par Morlaix, Le Quillo ou Pordic, les vignerons sont à l'ouvrage.
Nous sentons la fin de notre voyage proche. Pourtant, nous soupçonnons l'inachèvement de notre périple. Il manque quelque chose. L'histoire des vins bretons est fabuleuse, comme toute histoire en Bretagne. Mais elle demeure incomplète pour les passionnés de vin que nous sommes. Notre esprit cherche, s'égare, se recroqueville en quête de lacunes à combler. Et le dénouement nous frappe comme une évidence.
Que savons-nous de la fabrication du vin ? Certes, nous avons parcouru les âges pour découvrir les secrets que recelaient les vins bretons. Mais il nous faut désormais parfaire ce savoir.
Les étapes de la fabrication du vin
L'oeil avide de connaissances, nous scrutons le paysage breton à la recherche d'un vignoble quand notre regard sur pose sur une parcelle baignée par un rougeoyant soleil d'été. Nous avons visiblement voyagé pendant plusieurs mois et la saison estivale s'achève lentement. Nous nous approchons des cultures où s'affairent des petites troupes.
Le raisin
Nous prêtons l'oreille tandis que le vigneron retire délicatement un raisin et le porte à sa bouche. Il le croque, faisant éclater le fruit, et sourit. L'homme se tourne alors vers un jeune vendangeur et lui explique que le raisin est prêt. Les différentes analyses ont déjà prouvé la maturité du fruit, mais il tenait à juger lui-même une dernière fois pour donner le coup d'envoi des vendanges. Acides, sucres et tanins forment un parfait équilibre.
Ici, pas de récolte avec des machines. Elles abiment trop les fruits. Ce sont ainsi une vingtaine de personnes qui sillonnent les vignes, un panier solidement harnaché sur le dos et les épaules. Le soleil de septembre, très doux en Bretagne, rend la cueillette agréable ou du moins supportable. Car, il s'agit de toute évidence d'un travail harassant auquel se livrent les vendangeurs.
Le soir, les grappes sont transférées dans l'exploitation vinicole avant d'être savamment triées pour écarter les fruits pourris ou pas assez mûrs.
La vinification
Nous continuons, invisibles pour ces travailleurs à l'origine des vins bretons, le vigneron dans sa tâche. L'apprenti qui le suit comme son ombre boit ses paroles et de temps en temps un petit verre de blanc à l'abri des regards. Comment résister à la tentation ?
L'éraflage des raisins
Le vigneron explique qu'il préfère égrapper le raisin. Certains de ses confrères conservent les tiges, chargées en tanin, pour renforcer certaines saveurs de leur vin. Lui s'en débarrasse systématiquement.
Foulage et pressurage
Ensuite, les raisins sont foulés. Cela nous rappelle l'expression "foulé au pied" et nous attendons patiemment d'assister à une danse folklorique dans un baquet chargé de fruits. Mais ça c'était avant. Le vigneron utilise désormais des presses mécaniques qui sont calibrées pour permettre une pression douce et lente. Nous observons alors le bras hydraulique s'abaisser sur une large cuve circulaire où est entreposé le raisin. Tout l'intérêt est visiblement de ne pas précipiter cette étape de fabrication du vin, car elle est cruciale pour l'obtention d'un jus de qualité sans trop de matières solides. Le vigneron nomme le résultat obtenu le moût.
La fermentation
Les vins bretons de ce cultivateur étant exclusivement composés de raisin blanc, le vigneron explique que l'étape de la macération n'est pas nécessaire. Elle ne concerne que les vins rouges. Il est donc temps de passer à l'étape de la fermentation du jus de raisin. Le moût est versé dans de gigantesques cuves en bois. De toute évidence, le vigneron est un artisan du vin. Il travaille à l'ancienne, sans ajouts de levures. Il préfère laisser les levures naturelles activer la fermentation au risque de ne pas prévoir avec exactitude le goût du produit final. C'est avec fierté qu'il explique que tout l’enjeu est là. La découverte ! En laissant le sucre se transformer seul en alcool, le vin s’affranchit du contrôle permanent de l’homme.
L'étape dure entre 10 jours à un mois, voire plus. Le vigneron peut volontairement interrompre la fermentation pour obtenir empêcher tout le sucre de se transformer en alcool. Il obtient ainsi un vin plus sucré.
La clarification
Les jours passent et nous attendons patiemment. Notre voyage n'est pas encore terminé. Enivrés par les effluves de vins bretons qui planent dans l'air, nous nous oublions peu peu et sommes enfin extirpés de notre torpeur par l'arrivée du vigneron. On note une pointe d'impatience chez l'homme à la bonhommie affichée. Et pour cause, il s'apprête à réaliser la dernière étape de fabrication du vin avant son élevage. Il transvase le vin fermenté dans une cuve pour en extraire tous les résidus.
L'élevage du vin
Les différentes étapes de la vinification étant achevées, c'est le sourire aux lèvres que le vigneron se lance dans les finitions. Car le vin est certes consommable dès lors, mais il mérite de parfaire ses arômes. Le vin est donc transvasé dans des cuves en acier. Par tradition, l’homme aurait préféré des fûts de chêne, mais le vin blanc acidulé vieillit mieux dans ces contenants.
Pendant plusieurs mois, parfois plusieurs années pour certains grands crus, le vin va vieillir et développer ses arômes.
Vieillissement
Puis vient le jour tant attendu de la mise en bouteille. certains producteurs réalisent auparavant un assemblage, c'est-à-dire un mélange avec d'autres vins, mais pas notre vigneron. C'est donc sur son domaine qu'il réalise cette dernière étape de la fabrication du vin. Un ultime vieillissement ! Car, dans ce cas précis, il sera encore conservé quelques mois avant la mise en vente.
C'est un peu nostalgiques que nous voyons notre voyage s'achever. Pour l'instant, du moins. Car une autre aventure nous attend désormais, celle de la découverte des vins bretons. Maintenant que nous connaissons toute de l'histoire des vignobles bretons et de la fabrication du vin, place à la dégustation.
Nous aurions plaisir à vous accueillir au bar Diboiloré à Pordic pour goûter en charmante compagnie ces breuvages locaux. Mais peut-être manquez-vous de temps ? Aussi nous allons vous dévoiler notre sélection de vin à commander en ligne.
Notre sélection de vins bretons
Le Muscadet du domaine des Hautes Noëlles
Commencer notre sélection par un Muscadet semblait une évidence tant ce vin blanc est associé à la Bretagne. C'est en plein coeur du vignoble nantais, le plus grand d'Europe rappelons-le, que se niche le domaine des Hautes Noëlles. Au sud de la Loire et au nord du lac de Grand-Lieu s'étirent des pieds de vigne où poussent un raisin de qualité. Pourquoi ces vignerons nous ont-ils séduits ? Tout simplement pour leur démarche environnementale qui ne fait pas pâtir la qualité de leur vin. Car ils s'agit de vins bretons 100% bio que proposent ces amoureux du raisin.
Leur Muscadet possède une robe jaune avec quelques légers reflets verts. On retrouve une minéralité qui apporte une belle ampleur en bouche avec des touches bien fruitées. Comme pour tous les muscadets, nous le conseillons en accompagnement de fruits de mers et de poissons.
Le Pinot noir des Hautes Noëlles
Encore eux ! Le domaine ne se contente pas de faire du Muscadet. Car en Bretagne historique, on sait aussi faire du vin rouge. Avec leur Pinot noir, on découvre un vin breton à la robe cerise portée par une maturité du fruit avancée. On obtient ainsi un vin rond en bouche très agréable.
Le rosé Gamay des Hautes Noëlles
Toujours eux ! Et oui, ils savent tout faire chez les Hautes Noëlles. C'est extraordinaire et on apprécie cette variété de vins bretons.
Leur rosé se boit bien frais et possède des arômes de fraise et des notes de bonbon acidulé assez surprenantes.
Le Merlot de Chéneau
Les vignobles Chéneau, c'est une histoire qui remonte à 1768. Leur premier achat de vigne a eu lieu à cette époque. Autant dire qu'ils ont le vin breton dans le sang. S'ils produisent essentiellement du muscadet, ils n'ont pas pour autant délaisser le vin rouge. Et c'est tout de même assez rare en Bretagne pour nous donner envie de vous le faire découvrir.
Leur Merlot se dénote par une robe brillante, un nez gourmand et des arômes de fruits bien équilibrés.
Notre voyage à la découverte des vins bretons s'achèvent sur cette note fruitée en espérant qu'il vous aura fait découvrir la richesse du vignoble breton. En attendant une nouvelle histoire, n'hésitez pas à venir nous voir à Pordic. Chez Diboiloré nous vous accueillerons toujours avec un grand sourire et des conseils avisés. Et si vous êtes plutôt passionnés par la bière, nous vous invitons à découvrir l'histoire des bières Stout.
L'Équipe Diboiloré
Force & houblon
1 commentaire
Bonjour,
C’est un bon choix de vins nantais et d’avoir fait ce petit tour de l’histoire des vignes en Bretagne par cet article… mais il y a quelques manques jusqu’aux Marches de la Bretagne!
Il serait bien de parler de son apport probable par les romains sur les bords de la Loire bretonne, du don du cépage le berligou par les ducs de Bourgogne au Duc de Bretagne qui le planta à Couéron près de Nantes, la première AOC bretonne fut celle du muscadet en 1936, aujourd’hui le vignoble de la Bretagne nantaise c’est près de 10000 ha, cultivés par 500 vignerons, des AOC, des crus communaux… (voir l’ouvrage “histoire de la vigne et du vin en Bretagne”, ed coop breizh), …cordialement, joa deoc’h, à la perchaen